Victime d’un grave accident de quad en 2010 qui avait mis une fin prématurée à une carrière de pilote marquée par quelques coups d’éclat au volant d’une 306 S16 puis d’une Saxo VTS , Jérôme Bouchet, navigué par Joël, le papa, a retrouvé  le plaisir et surtout toute son efficacité en VHC. Le week-end prochain en Chartreuse, pour son 100e départ,  il défendra ni plus moins que son titre.

 

De belles promesses. Un violent coup d’arrêt. Une renaissance.
A 46 ans, le parcours de Jérôme Bouchet a tout d’un fleuve qui n’a pas été toujours tranquille.
Bercé dès son plus jeune âge, auprès de son grand-père puis de son père,  par la passion des belles voitures, si possible de course le virus de la compétition le rattrape à l’aube de son 20e anniversaire. « Je n’ai pas eu trop de mal à convaincre mon père d’acheter une 309 GTI. Dans ce domaine on est aussi fou l’un que l’autre. »
Ce sont les pentes du Mont Landard à Chanaz puis les quilles du slalom d’Aix-les-Bains qui accueillent les premiers coups de volant du jeune carrossier-peintre dont le tout premier guide n’est autre qu’un certain Albert Carle. Et quel guide. Avec la complicité de  Joël, le papa dans le baquet de droite les quatre premiers rallyes se soldent par quatre arrivées. Mais la 309 n’est déjà plus la voiture du moment.

La coupe de France F2/13 en 2006

A l’Ain-Bugey 2000 le duo étrenne une 306 S16 engagée en N3. « Ce sont les premières réelles sensations, les premières frayeurs mais aussi les premiers bons résultats à l’image de cette 6e place au Paul Friedman à la faveur notamment d’un second temps scratch dans le brouillard de Bouvante derrière la Saxo kit-car d’Alain Pellerey mais devant les BMW de Thuel et Poudrel et la Clio S1600 d’Eddie Mercier. Une perf signée avec son « pote » Benjamin Perrin avec lequel ils partageront une vingtaine d’épreuves dont une 2e place au scratch en Chartreuse (2013) et toujours une solide amitié.

Exit la 306, ses victoires de classe et ses tonneaux aux Bauges 2004, place à la Saxo VTS. « C’était une voiture issue du challenge de l’époque, compétitive, avec des chevaux qui te faisait forcément progresser dans ta façon de piloter, de gérer la course, de prendre des notes. » Boris et Bertrand, les « 2B » lui apportent également un autre regard, d’autres compétences qui portent immédiatement leurs fruits . Six podiums dont cinq succès de classe F2/13 en sept courses en 2005 avant un parcours sans faute la saison suivante, huit sur huit dont une victoire à la finale de la Coupe de France à Nantes. « C’était l’aboutissement de deux saisons exceptionnelles (treize victoires de classe, huit tops 10 au scratch dont un podium (3e)  à l’Epine) et c’était surtout un cadeau que je voulais faire à mon père. »

La C2 remplace alors la Saxo avec le même plaisir et la même réussite (8e à la Caillette, 7e à l’Epine). J’ai toujours préféré le format des « nationaux » et aimé voir un peu ailleurs avec un coup de cœur pour les routes de Drôme-Ardèche.

«  Depuis 2010, chaque jour est une victoire »

En  2010, faute de budgets, la voiture est vendue mais toujours attiré par les sports mécaniques il se laisse séduire par le quad. C’est au cours d’une séance d’entraînement qu’il va chuter très lourdement sur la tête. Les fractures sont multiples dont les cervicales qui le laissent tétraplégique.  « Les premiers verdicts des médecins  sont sans appel. S’il s’en sort puis s’il remarche un jour… »   Trois mois plus tard Jérôme parvient toutefois à se lever de son fauteuil roulant. « C’était plus que chancelant et je savais que ce serait long et douloureux. » Débute une longue, très longue période de rééducation. « Je marchais comme un robot. Quinze ans plus tard, je n’ai pas peur de dire que chaque jour est une victoire. »

Sans se départir de son sourire légendaire mais avec force et détermination il mène le combat.
Pour reprendre, contre l’avis médical, son métier de conducteur d’engins dans les travaux publics. Pour reprendre sa place sur la ligne de départ d’une spéciale. Ce sera au Beaufortain 2012. Une 3e place en A6/k. « C’était trop tôt. Ce jour-là le résultat a prévalu sur le plaisir. » Il faudra attendre quatre ans et la force de persuasion de son collège de travail Nicolas Heillette  pour remettre le couvert sur une 106 S16 menée à trois reprises avec succès en N2 (26e à Beaufort, 34e en Chartreuse).

A jamais le premier en Chartreuse

« Je mesure la chance que j’ai de pouvoir recourir, mais je veux désormais le faire différemment et toujours aux côtés de mon père. » Ce sera donc en VHC et sur une Mini Cooper, sa toute première voiture et à laquelle il voue une admiration sans borne. 5e aux Bauges 2020 pour sa reprise il confirme en 2021 en échouant dans les roues de la Porsche de Jean-Noël Gaviot avant de s’imposer à l’Epine en 2023. « J’ai retrouvé l’ambiance du rallye de mes débuts avec plus d’entraide et aussi le goût de la victoire. Mais avec la Mini ça commençait à aller trop vite »
Un aller-retour dans les Vosges pour trouver une épave de 205 Rallye, une autre pour la caisse et six mois de travail pour remonter une voiture qui,  en douze rallyes n’a quitté le top 5 qu’à  quatre reprises avec deux victoires au scratch sur les routes de Chartreuse 2024, où, pour la postérité, il restera à jamais le premier vainqueur de la version historique de l’épreuve (avec tous les temps scratch) puis à l’Epine.

Samedi prochain, sur les routes d’Attignat-Oncin et de Merlas, une petite « bombe » bleue ouvrira la 31e édition du rallye de Chartreuse.  Attention, la concurrence est prévenue…

 

                                                                                                                             Jean-Luc BOURGEOIS

 

Jerôme et Joël Bouchet associés le week-end prochain en Chartreuse pour la 55e fois.

Au rallye de la Caillette 2004 avec la 306 S16, 6e à l’Epine, 8e au Paul Friedman

2006, l’année de tous les succès. 8 victoires de classe F2/13 dont celle en finale de la Coupe de France à Nantes

Joël et Jérôme Bouchet fiers représentants de la Savoie à la finale de la Coupe de France 2006 à Nantes, le titre F2/13 en prime

A la Noix de Grenoble 2008 avec la C2 VTS

Retour en grâce en 2017, vainqueur en N2 du côté de Beaufort (Photo Jean-Michel ROCHE)

Première sortie avec la Mini aux Bauges 2020 (Photo Jean-Michel ROCHE)

Malgré un déficit de 140 chevaux, Jerôme et Joël Bouchet remportent le 1er rallye VHC de Chartreuse

Sur la plus haute marche du podium à l’Epine pour la 2e année de suite

Un bail à prolonger en Chartreuse

Onze équipages prendront, samedi, le départ du 2e rallye VHC de Chartreuse. Fort de son succès l’an passé Jérôme Bouchet aura l’honneur d’ouvrir la route avec la 205 Rallye conduite cette année à la 4e place aux Bornes. On lui opposera bien évidemment ceux qui l’accompagnaient l’an passé sur le podium à Saint Laurent du Pont. Didier Bonin sur la BMW M3, 4e au Paul Friedman et 5e à St Marcellin et la Kadett de Joël Tinjod victorieuse en Chautagne en 2023. Retour à la compétition pour Samuel  Petit avec la R5 GT vue sur le podium au Matour (2e) et au Brionnais (3e) en 2022. Trahi par la mécanique de la 205 GTI à Seyssel et à Faverges, Christian Allard aura à coeur de boucler l’épreuve pour sa première participation.

 

Après la Chartreuse et l’Epine 2024, Jerôme Bouchet en quête d’un troisième succès scratch le week-end prochain en Chartreuse (Photo Jean-Michel ROCHE)       

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