Bercé toute son adolescence par les premières éditions du rallye des Bauges, Stanislas Miguet, aujourd’hui président de Sport Auto Bauges est chargé, ce week-end, d’organiser les célébrations du 40e anniversaire.
Vous aviez 15 ans en 1986 lorsque le rallye Monte-Carlo faisait étape à Lescheraines et que naissait le rallye des Bauges. A l’heure d’en fêter le 40e anniversaire quels souvenirs en retient le président de Sport Auto Bauges ?
« J’étais effectivement gamin et je me souviens surtout qu’un soir de novembre 1985 alors que j’étais dans ma chambre j’ai entendu le bruit sourd de voitures qui passaient devant la maison. C’étaient les 205 Turbo 16 de Juha Kankkunen, Timo Salonen, Michèle Mouton et Bruno Saby qui procédaient aux premières reconnaissances de la spéciale des Aillons qui allait, le 19 janvier 1986, ouvrir le Monte-Carlo. Le lendemain c’étaient au tour des Métro de Tony Pont et Malcolm Wilson. A l’époque les équipages reconnaissaient avec leurs voitures de course. Les jours suivant, alors que nous étions au collège au Chatelard on entendait passer les voitures. Destiné à suivre une formation dans la filière bois j’ai dit à mes parents, c’est ça que je veux faire. Un bac pro, filière automobile, au lycée Louis Armand puis un BTS à Montbéliard et le virus était pris. Je n’ai jamais fait carrière dans l’automobile mais le sport auto est devenu une passion, qui, 40 ans plus tard, m’a conduit à la présidence de Sport Auto Bauges et à l’organisation de cette édition anniversaire. »
« Un rallye facile à appréhender »
En quarante ans, le succès du rallye ne s’est jamais démenti. Quel est le secret de cette réussite ?
« C’est une conjoncture de facteurs. Le rallye des Bauges a la réputation d’être « facile ». D’ailleurs beaucoup de pilotes ou d’équipages viennent y faire leur premières armes. C’est un rallye assez simple à appréhender. Sa position géographique est aussi un atout. Il est centralisé entre Chambéry, Annecy, facile d’accès. Je pense aussi qu’il bénéficie d’un « héritage » du Monte-Carlo. Ce 19 janvier 1986, la victoire de Biaison suivie par 70000 spectateurs et pour la première fois en direct à la télévision reste très ancré dans la mémoire des gens. Enfin nous ne sommes pas meilleurs que les autres mais nous faisons en sorte que l’ambiance du rallye soit bonne. Que les équipages, leurs assistances, les spectateurs se sentent bien chez nous. Depuis quarante ans c’est LE rendez-vous de la mi-octobre tant au calendrier de la Ligue Rhône-Alpes qu’à celui des manifestations majeures du massif. Enfin l’automne nous pare de ses plus belles couleurs ce qui ne nuit pas au décor »
Au-delà du nombre d’engagés on peut aussi souligner, chaque année, la qualité du plateau ?
« Certains pilotes vont fêter cette année leur 25e, 28e, 29e, 30e départ (pour Lionel Goujon) aux Bauges. On ne peut que s’en féliciter et les remercier de cette fidélité. Les têtes d’affiche régionales (Bochatay, Giraldo, Joram, Bonnefond, Bogey) répondent également présentes. »
Un 40e anniversaire ça se fête. A quoi faut-il s’attendre durant ce week-end ?
« En tout premier lieu à de beaux plateaux tant dans la version « moderne » avec 157 voitures au départ qu’en « VHC » avec 24 équipages. Le comité des fêtes a également prévu une grosse ambiance à la buvette lors de la spéciale de nuit entre Lescheraines et Arith. La remise des prix dimanche en fin d’après-midi sera aussi l’occasion de mettre en avant certains pilotes emblématiques du rallye des Bauges mais aussi nos partenaires historiques. Les élus des dix communes du massif qui, depuis le début du rallye, en constituent le moteur, et nos partenaires privés, fidèles, pour certains, de la première heure comme la coopérative de la Tome des Bauges, les transports Francony, les garages Garnier et Miguet, les restaurateurs et tous ceux qui animent et font vivre le massif des Bauges. C’est aussi une belle récompense pour nos 80 bénévoles dont certains sont là depuis l’origine. Un Bauju qui aime ne compte pas. »
« ça amuse moins les gens »
Le plus difficile c’est de durer. 40 ans c’est exceptionnel. Les nouvelles réglementations, les états d’esprit qui changent, peuvent constituer des freins. Votre sentiment ?
« C’est vrai que ce qui était naturel il y a quarante ans ne l’est plus aujourd’hui. Avant les gens attendaient le rallye. C’est de moins en moins vrai. Il faut sans cesse se battre, convaincre, persuader, expliquer. Ca amuse moins les gens. La nouvelle génération est beaucoup moins tolérante. On a conscience que le massif ne nous appartient pas.
Concernant les nouvelles réglementations notamment fédérales, elles vont dans le bon sens notamment en terme de sécurité. Il y a eu trop de passe- droit. »
Le succès, du challenge A6/k vous a conduit à le renouveler cette année ?
« Beaucoup d’épreuves instaurent désormais ce genre de challenge. On a eu d’excellents retours sur notre première expérience l’an passé et treize équipages se sont engagés pour cette édition. Ce sont des voitures spectaculaires qui ont fait rêver les gens et qui continuent de passionner autant les pilotes que les spectateurs. »
Un pronostic ?
« Giraldo, ses 25 départs et neuf victoires symbolise la fidélité, la continuité et l’efficacité. Bochatay (4 victoires) est le digne héritier de son père (Jean-Pierre) vainqueur a deux reprises. On peut parler d’oppositions de générations. C’est le cas aussi de Ludo Bogey dans les traces de Pierrot, de la famille Joram avec Thierry et Thibault au départ. Dimitri Prud’homme s’affirme de course en course.
Quel qu’il soit, ce sera un beau vainqueur. »
J-L.BOURGEOIS
Un rallye, un décor, une athmosphère. Photo Jean-Michel ROCHE