Le podium du Beaufortain 2024. Patrice BONNEFOND (3e) à gauche en compagnie de Kevin Duc, (2e), Séverine Chamiot-Maitral (3e), Yann Duc (2e), Hugo Bonfils (1er) et Anne-Lise Michelier (1er). Photo Jean-Luc BOURGEOIS
A la fin du mois, à l’occasion du rallye du Pays du Gier, le pilote du Beaufortain entamera sa 41e saison et prendra le départ de son 171e rallye. Avec le même objectif : le plaisir
Le regretté Herbert Leonard l’a chanté. Patrice Bonnefond, lui, en a fait sa devise et le moteur de sa vie professionnelle comme de ses carrières sportives. Que ce soit sous les couleurs de l’équipe de France de parapente (deux participations au championnat du monde) ou dans le baquet d’une voiture de rallye (170 départs), le plaisir a toujours prévalu.
Un pionnier du parapente
Mais avant de sillonner les routes des épreuves du championnat ou de la coupe de France des rallyes, le Beaufortain a d’abord vécu le nez en l’air et les pieds dans le vide. Nous sommes dans les années 90, le parapente se fait sa place parmi les sports aériens et les Français brillent. Thierry et Patrick Berod (champion du monde 2001, quadruple champion de France) , Nanou Berger, Patrice Bonnefond en sont de brillants ambassadeurs.
« C’était un peu les années folles. Ca commençait à se structurer mais on essuyait encore les plâtres. Je me rappelle que l’on avait peur de gagner. C’était aussi une manière d’assouvir notre passion pour la glisse » se souvient le jeune titulaire d’un BEP de plomberie, qui ne résoudra, pour autant, jamais aucun problème de robinet mais assurera, via l’école de parapente « les Volatiles », le développement, l’enseignement et la promotion d’une discipline qui compte aujourd’hui en France 35000 licenciés dans 400 clubs et 160 écoles.
« J’étais aussi passionné par tout ce qui avait un moteur et qui faisait du bruit. Ca tombait bien les Jean-Claude Bisilliat, Claude Peccoud, Marc Azzolini nous faisaient rêver dans les épreuves du coin au volant de leur Rallye 3, 205 GTI et Golf. » En 1985, Patrice Bonnefond prend place dans le baquet de droite de la Golf GTI de Claude Peccoud à la ronde d’Ugine qui s’achève par une 9e place au scratch et la victoire de la classe A3. Le virus est pris. Il ne le quittera plus.
40 podiums, 71 victoires de classe
L’année suivante à Lescheraines il fait partie, avec Pierre Bogey et Paul Rouquille, des pilotes qui, non seulement, participent à la première édition du rallye des Bauges mais disputent leur première épreuve derrière le volant. Quarante ans plus tard le « Volatile » n’a rien perdu de sa passion ni de son coup de volant et surtout pas de sa bonne humeur communicative.
A la fin du mois à Saint-Chamond, le sexagénaire prendra le départ de son 170e rallye sous les couleurs de l’ASAC de Savoie et du Club Auto Sport du Beaufortain. Une carrière ponctuée de 40 podiums dont sept victoires au scratch (Val d’Orain (4), Faverges (2), Monts et Coteaux (1), 71 victoires de classe (dans douze classes différentes), 84 tops 10, cinq finales de Coupe de France, la participation a 44 rallyes différents, au volant de 25 voitures différentes et accompagné de 35 co-pilotes différents.
« J’ai eu la chance d’avoir toujours pu compter sur de bons co-pilotes dont la qualité première a été d’accepter mes défauts (rires). » Romain Blondeau-Toiny (50 départs), Séverine Chamiot-Maitral (26), Hervé Greffet ou encore Kevin Duc sont ceux qui comptent le plus grands nombre de départs à ses côtés. Pascal Girard a eu le privilège le partager son premier succès scratch en 2004 à Faverges. « Un succès un peu par procuration après les problèmes de boîte rencontrés par le leader Michel Giraldo a deux spéciales de la fin. » Emmanuel Chene faisait partie de la toute première finale de Coupe de France en 2005 à Ile Rousse « Un bon souvenir parce que c’était la première et pour avoir tenu la dragée haute au local David Saliceti (2e N3). » Les deux hommes se sont fait la promesse de refaire équipe cette année pour célébrer ce 20e anniversaire. Enfin Regnir Sissi était dans le baquet de droite de la 206 S16 à la finale de Lunéville en 2016 achevée à la 12e place et surtout par un succès en F2/14. « Sans doute ma finale la plus aboutie. Avec Sissi (co-pilote d’Yves Pezzutti) on s’est découvert le jour du rallye. Le temps de se connaître et de s’apprivoiser et ensuite on s’est bien marré ».
De la Rallye 3 à la Porsche 991
En quatre décennies, Patrice Bonnefond a également vécu et contribué à l’évolution du sport automobile. « En 40 ans beaucoup de choses ont évolué. Dans le bon sens en ce qui concerne les voitures, les pneumatiques, la sécurité. L’engouement des gens pour le sport auto en général et le rallye en particulier lui aussi perdure n’en déplaise aux quelques grincheux qui n’acceptent plus grand-chose. On a également la chance de posséder en Pays de Savoie et en Rhône-Alpes des formidables terrains de jeu pour la pratique de notre sport. »
Evolution également en termes de voitures. Le Savoyard s’est distingué, signant des podiums et des victoires aux commandes de véhicules aussi différents que la Simca Rallye 3, la R5 Turbo « Tour de Corse », la Clio Ragnotti, la Peugeot 206, la Citroën DS3 et depuis la saison dernière au volant d’une Porsche 991 GT3 Cup avec laquelle il a signé six tops 5 dont des podiums a Beaufort (3e) et aux Monts et Coteaux (2e). « C’est de toute évidence la plus belle auto qu’il m’a été de conduire. Au-delà de sa fiabilité c’est une auto qui possède un gros capital sympathie auprès des spectateurs. C’est un phénomène et c’est plaisant de rouler dedans.»
Avec le Gier, le Charbo, Faverges, le Beaufortain ou encore l’Epine et les Bauges entre autres la saison 2025 de Patrice Bonnefond sera encore bien chargée. « J’ai encore envie de rouler mais je ne tire aucun plan sur la comète » renchérit le pilote des Saisies. « Notamment pour la finale de la Coupe de France à Chambéry en 2027. Il y aura beaucoup de candidats mais peu d’élus (23 qualifiés en Rhône-Alpes). Qu’importe c’est un événement qu’il faudra vivre comme acteur ou comme spectateur. Michel Bonfils et l’ASAC de Savoie auront besoin de toutes les bonnes volonté pour organiser cet événement qui fera date pour notre sport et pour notre département. Et j’en serai. »
Et forcément… pour le plaisir…
Jean-Luc BOURGEOIS

Bauges 2007. La 2e place au scratch et en F2/14 en compagnie de Frédéric Vauclaire sur la 206 S16 (Photo DR)

Bauges 2009 : Victoire en A7 (5e au général) partagée avec Carine Ferbus sur la 206 RC (Photo DR)

Bauges 2014 : La 3e marche du podium et la victoire en F2/14 avec Hervé Greffet sur la 206 CC (Photo DR)

Bauges 2016 : Le podium (3e) et une 2e place en A7S en compagnie de Nelly Esparcieux sur la Fiat Abarth Punto S2000 (Photo Jean-Michel ROCHE)

Beaufortain 2016 : La 2e place derrière Miche Giraldo avec Romain Blondeau-Toiny dans le baquet de droite de la 206 S16 (Photo Jean-Michel ROCHE)

Beaufortain 2023 : La victoire en R4 avec Romain Blondeau-Toiny sur la Subaru (Photo Jean-Michel ROCHE)

Beaufortain 2024 : Un nouveau podium (3e) pour Patrice Bonnefond et Séverine Chamiot-Maitral avec la Porsche 991 (Photo Jean-Michel ROCHE)

Patrice Bonnefond et Sévérine Chamiot-Maitral, une complicité de 24 ans (25 départs, 9 podiums) Photo J-L.B