Réélu pour un quatrième mandat à la tête de l’ASAC de Savoie, Michel Bonfils est revenu sur la bonne santé de la désormais deuxième ASA du comité Rhône-Alpes et s’est projeté sur les quatre prochaines années avec, en point d’orgue, l’organisation, à Chambéry, le 3e week-end de septembre 2027, de la finale de la Coupe de France des rallyes.

 

La récente assemblée générale de l’ASAC de Savoie vous a confirmé, pour les quatre ans à venir,  à la tête de la 2e ASA de Rhône-Alpes. Une satisfaction ou le sentiment du devoir accompli ?
« La première des motivations c’est l’absence de gens pour prendre la place.  La seconde c’est le réel engouement des licenciés pour notre association. On a longtemps stagné autour des 180 adhérents loin derrière le Rhône et le Forez parfois proche de l’ASA Dauphinoise. L’an dernier on a enregistré 382 licenciés et plus de 400 licences (en comptant les licences double). On a une ASA qui plait, une façon de fonctionner qui intéresse visiblement les gens.  Et le phénomène se confirme au cours des deux premiers mois de 2024 avec déjà plus de 120 licences. Sans compter l’annonce de la finale de 2027 qui nous donne encore un peu plus de crédit et la qualité de l’équipe qui m’entoure. De véritables passionnés avec lesquels il fait bon travailler autour d’échanges constructifs. »

Une ASA attractive et ambitieuse

En trois mandats à la tête de l’ASAC de Savoie comment qualifieriez-vous son évolution ?

« Prendre la suite d’Albert Hurard n’était pas forcément chose facile lui qui a été à la fondation de l’association qui l’a géré pendant plus de trente ans  en bon père de famille autour d’une équipe très soudée derrière lui. J’ai hérité d’une ASA solide avec des licenciés, du budget et des épreuves qui fonctionnaient quasiment toutes seules.  Le premier mandat a été un mandat de découverte, le second  l’occasion d’imprimer ma façon de voir les choses, et le troisième en essayant d’apporter des choses nouvelles en termes de communication notamment tout en préservant et en renforçant l’existant. »

Dans quatre ans Chambéry va accueillir la 3e plus grande manifestation du sport automobile avec la finale de la Coupe de France des rallyes. Comment s’y prépare-t-on ?

« On a surtout la chance d’avoir en octobre prochain à Nice la finale 2024 dans un contexte assez semblable à celui que l’on entend proposer dans quatre ans. Que ce soit pour l’accueil mais aussi pour le parcours forcément montagneux. L’occasion sera belle pour les membres du comité d’organisation de Chambéry 2027 et de certains de ses partenaires de s’y rendre pour  visualiser sur place l’entendue du chantier qui nous attend. Ensuite il y aura un gros travail à mener auprès des élus régionaux, départementaux et locaux, s’atteler à définir un parcours qui  devra rester secret jusqu’au dernier moment pour ne pas favoriser les 23 heureux qualifiés de la ligue Rhône-Alpes. Il faudra aussi s’attendre à un regain d’engagés sur nos épreuves savoyardes fin 2026 et courant 2027. La dernière finale à Ambert en Auvergne a été qualifiée de plus belle. A nous de faire la plus belle des plus belles. »
On a également la chance que notre candidature soit également portée par le comité Rhône-Alpes et deux de ses figures emblématiques. Gilles Mondésir son président, et Hervé Besson son trésorier par ailleurs président de la commission de la Coupe de France à la FFSA. Quant à Pierre Gosselin, le président de la Ligue Ile de France appelé à prendre la présidence de la FFSA il nous apprécie également.  Mais une finale va bien au-delà du simple cadre sportif. Il nous faudra boucler un budget de 400.000 Euros. »

Sport immensément populaire et gratuit, le sport auto n’échappe toutefois pas aux nouvelles normes – notamment écologiques – actuelles. Faut-il être inquiet pour son avenir et à quoi ressemblera-t-il en 2030 ?

« Je me réfère à une étude qui a été menée par la Fédération Française du Sport automobile et son homologue du sport motocycliste. A elles deux elles génèrent un chiffre d’affaires de retombées économiques de trois milliards d’Euros, 20.400 embauches,  130 000 licenciés, 1700 clubs, et 2000 événements par an dont plus de 60% sont organisés dans des communes de moins de 5000 habitants.
A titre indicatif, une finale c’est entre 30 000 et 40 000 spectateurs sur trois jours, des hôtels remplis dans un rayon de 20 à 30 kilomètres autour de Chambéry et des retombées économiques de l’ordre de 3 millions d’Euros. Le budget moyen annuel d’un pratiquant c’est entre 2000 et 4000 Euros. Oui le sport auto pollue et fait du bruit mais son industrie a été de tout temps un laboratoire grandeur nature dans l’évolution, notamment en termes de sécurité, d’un  objet essentiel de la vie d’un Français. L’impact carbone du sport auto en France  arrive en 5e position derrière Roland Garros, le Tour de France ou la Coupe du monde de football. Une commission à la fédération travaille sur les énergies nouvelles et renouvelables. Le e-fuel entre autres. Concernant l’énergie électrique c’est un peu plus compliqué à mettre en œuvre sur les rallyes par exemple. Elle pourrait en revanche s’appliquer plus facilement sur les épreuves en circuit. Oui le sport auto tend à être de plus en plus vert»

Exit les slaloms d’Aix-les-Bains, de Chamnord, d’Albertville, les courses de cote de Chanaz, de la Bridoire ou de Méribel et désormais du Trophée Andros à Val Thorens, La Savoie n’est-elle définitivement plus qu’une terre de rallyes ?

« Par la force des choses oui. L’ASAC de Savoie est prête à accueillir à bras ouverts des organisateurs  qui ont envie de s’investir dans ce  genre d’épreuves. Aujourd’hui nos licenciés slalom, course de côte et circuit se comptent sur les doigts de deux mains en étant optimiste, alors que paradoxalement, la société 2B à La Ravoire s’occupe dans ses ateliers d’une dizaine de voitures engagées, un week-end sur deux,  en championnat Rodscar et Ultimate. Il y a vingt ans on pouvait disputer un rallye et une course de côte avec la même voiture. Aujourd’hui les véhicules sont devenus plus spécifiques à chaque type d’épreuve et je ne gagnerai plus mon groupe à Chanaz avec une Subaru WRC devant la voiture de Francis Dosières. Et puis d’un point de vue politique, au conseil départemental de la Savoie le sport auto n’est pas franchement considéré. Les essais sur les routes sont facturés, les opérations de promotion sont facturées. On n’a pas d’interlocuteur au conseil départemental qui nous accueille les bras ouverts. Et pourtant on fait tous partie de la même famille. Celle du sport.»

Les pilotes savoyards déjà tournés vers 2027

  Daniel Girardon, Gilles Nantet, deux illustres – parmi d’autres – pilotes savoyards ont remporté la Coupe de France des rallyes. Peut-on imaginer voir un Savoyard triompher sur ses terres en 2027 ?

« Pour certains c’est une carotte, pour d’autres un rêve. Mais une chose est sûre ils se projettent. Mais il n’y aura que 23 places pour les Rhônalpins et les Savoyards y auront la leur. Autour de Lucas Darmezin, des frères Joram (Thibaut et Nicolas) des frères Bonfils (Hugo et Mathis) de Kevin Duc et de notre voisin haut-savoyard Kevin Bochatay entre autres, ils ont effectivement leurs chances. Encore faudra t-il se qualifier et nul n’est prophète en son pays. Au-delà de la performance, l’humilité sera aussi un élément à prendre en compte»

 Le rallye du Beaufortain et celui de Savoie-Chautagne sont à la peine en terme de fréquentation. Comment l’expliquez-vous ?

« Pour le Beaufortain on a du mal à comprendre pourquoi. Pourquoi aux fins fond de la vallée de L’Azergues ou au cœur des Vignes de Régnié on fait le plein et à Beaufort on peine pour atteindre 80 voitures au départ. Il y a trois facteurs qui peuvent apporter des éléments de réponse. La situation géographique en fond de vallée, l’hébergement et le terrain de jeu forcément très montagnard, rapide, accidenté et pas forcément rassurant pour les non-montagnards. Pourtant les gens sur place ne comptent ni leur temps ni  leur énergie pour assurer la réussite de cette épreuve. Concernant le Savoie-Chautagne le problème est tout autre. L’absence de gens rassemblés autour de Stéphane Michaud qui porte le rallye à bout de bras. Le rallye peine aussi à trouver des financements. Son alliance avec celui de Seyssel lui a donné un peu d’oxygène mais à contrario il perd de son identité chautagnarde. »

Après 10 ans, l’ASAC de Savoie et le Team 73 vont faire cause commune dans l’organisation du rallye de l’Epine. Votre sentiment ?

« C’est dix ans de perdus pour des guerres  intestines sans fondement ni légitimité dont je ne me sens nullement responsable. Les gens ont mis du temps à ouvrir les yeux. Je suis content que l’on puisse de nouveau participer à l’organisation de ce rallye mais aux conditions  de l’ASAC de Savoie  et avec la rigueur de l’ASAC de Savoie. Le projet d’un rallye condensé sur une journée peut être la bonne formule en espérant que la météo, un 2 novembre, soit avec nous. »

Hormis la finale, quels sont les chantiers  des quatre prochaines années ?

«Conserver et promouvoir l’existant. Pour le reste la finale va mobiliser beaucoup sinon toutes les énergies. En premier lieu convaincre des élus, qui ne seront peut-être plus là en 2027, d’inscrire  ce rendez-vous dans leurs lignes budgétaires.  Car au-delà de sa réussite sportive on veut faire de cette finale une vraie belle fête populaire. »

 

                                                                                                                                                                               Jean-Luc BOURGEOIS

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